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France - Nouvelle-ZĂ©lande : Louis Bielle-Biarrey, le bon Ă©lĂšve du XV de France

Elu homme du match face au Japon, le rugbyman de 21 ans prend de l’épaisseur chez les Bleus, qui affrontent les All Blacks, samedi soir. Un nouveau statut qu’il doit concilier avec sa vie d’étudiant. L’ailier de l’Union Bordeaux-BĂšgles (UBB), qui n’était pas sur la feuille de match du duel face aux All Blacks, en ouverture du Mondial, profitera donc de la deuxiĂšme rencontre de la tournĂ©e d’automne pour dĂ©couvrir le goĂ»t de ces affrontements si particuliers. « C’est l’équipe qui fait rĂȘver tous les jeunes, moi y compris. J’ai souvent regardĂ© leurs matchs contre la France, mais il n’y avait malheureusement pas beaucoup de victoires pour nous », se souvient Louis Bielle-Biarrey auprĂšs du Monde. Pour sa 13e sĂ©lection, aux allures d’« Ă©norme dĂ©fi », le natif de La Tronche (IsĂšre) sera l’une des principales armes offensives des Bleus, orphelins une fois encore de leur autre flĂšche, Damian Penaud, malade.

Mais Louis Bielle-Biarrey a montrĂ© qu’il Ă©tait capable de se dĂ©brouiller sans son coĂ©quipier de l’UBB. En attestent ses deux essais et son titre d’homme du match le week-end prĂ©cĂ©dent, lors du large succĂšs des hommes de Fabien GalthiĂ© face au Japon (52-12). En club aussi, l’ouvreur de formation enchaĂźne les titularisations et les passages par l’en-but adverse, lui qui y a dĂ©jĂ  fait un tour Ă  cinq reprises depuis le dĂ©but de la saison.

Au sein du XV de France, l’élĂšve Louis Bielle-Biarrey est du genre Ă  sauter les classes. InvitĂ© surprise de la liste des Bleus retenus pour la Coupe du monde de rugby 2023, l’ailier au casque rouge a impressionnĂ© tout au long de la compĂ©tition, au point de la terminer dans la peau d’un titulaire. Un an aprĂšs la grand-messe de l’Ovalie, le joueur de 21 ans sera alignĂ© d’entrĂ©e, samedi 16 novembre, au Stade de France, Ă  Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), face Ă  la Nouvelle-ZĂ©lande. Des partiels reportĂ©s pour cause de Mondial

A dĂ©faut de s’asseoir sur le banc des remplaçants du XV de France, Louis Bielle-Biarrey frĂ©quente encore assidĂ»ment ceux de l’école. En plus de sa carriĂšre de rugbyman, le jeune homme Ă©tudie le management au sein de la KEDGE Business School, Ă  Talence (Gironde), Ă  quelques encablures de Bordeaux. Une fois par semaine, il se rend sur le campus pour prendre quatre heures de cours particuliers et suit le reste de sa formation Ă  distance.

« C’est tout une organisation, admet le joueur en deuxiĂšme annĂ©e de bachelor, mais les entraĂźnements dans la semaine laissent quand mĂȘme un peu de temps pour se consacrer aux Ă©tudes. Et j’ai un emploi du temps bien adaptĂ© avec les professeurs. » La mĂ©canique est bien huilĂ©e : lors des fenĂȘtres internationales, l’ailier est dispensĂ© de cours. La saison derniĂšre, il a toutefois dĂ» dĂ©caler ses partiels Ă  la fin de l’annĂ©e
 Coupe du monde oblige.

Ballon ovale ou pas, Louis Bielle-Biarrey a « toujours eu la volontĂ© de faire des Ă©tudes », encouragĂ© dans cette voie par ses proches : « Je viens d’une famille d’ingĂ©nieurs, donc, Ă  la maison, on m’a un peu poussĂ©. Mais depuis que mes parents voient que ça marche bien dans le rugby, ils ont quand mĂȘme relĂąchĂ© la pression ! » Le jeune homme ne se projette pas encore sur sa vie d’aprĂšs et profite de sa formation assez gĂ©nĂ©raliste « pour garder un maximum de portes ouvertes ».

Guillaume Cognard, qui fut l’un des formateurs de Louis Bielle-Biarrey, de ses 13 ans Ă  ses 18 ans au club de rugby de Grenoble, n’est pas Ă©tonnĂ© de le voir encore prĂšs de ses cahiers. « C’était le bon Ă©lĂšve sur le terrain et en dehors. Le genre Ă  avoir la tĂȘte bien faite et Ă  ne pas oublier de faire ses devoirs. » A l’époque, l’intĂ©ressĂ© Ă©tait plutĂŽt portĂ© sur les sciences. Jusqu’à dĂ©crocher un bac S mention bien. « Louis Ă©tait brillant et avait peut-ĂȘtre moins besoin de travailler que les autres pour avoir des rĂ©sultats, estime l’éducateur, mais ça ne l’empĂȘchait pas d’ĂȘtre trĂšs consciencieux. »

« Ne jamais vraiment m’arrĂȘter d’étudier »

Louis Bielle-Biarrey dans sa version adolescente avait aussi un certain attrait pour l’audiovisuel. Quand cela concernait le rugby. « Il Ă©tait dĂ©jĂ  pas mal dans l’analyse vidĂ©o. Son pĂšre filmait tous ses matchs et ils regardaient ensemble ce qui avait marchĂ© ou pas marchĂ©. Il Ă©tait trĂšs curieux lĂ -dessus », raconte l’actuel entraĂźneur des moins de 21 ans Ă  Grenoble. Mais l’ailier gardait ses conclusions pour lui. « Il Ă©tait trĂšs introverti et rĂ©servĂ©. Il ne parlait pas beaucoup et ça ne lui a pas donnĂ© confiance sur le terrain d’ĂȘtre un peu en retard athlĂ©tiquement. »

Louis Bielle-Biarrey n’a toujours pas le profil de certains bulldozers du rugby international et ne l’aura probablement jamais. Mais il s’est affirmĂ© en mĂȘme temps que sa vitesse s’est dĂ©veloppĂ©e – il a mĂȘme Ă©tĂ© « flashĂ© » Ă  35 km/h lors de sĂ©ances d’entraĂźnement du XV de France avant le Mondial. Le Bordelais va vite, trĂšs vite, mais prend dĂ©jĂ  le temps de se poser pour rĂ©flĂ©chir Ă  la suite. Son objectif ? Un bac + 5, qu’il validera sans doute aprĂšs sa carriĂšre sportive. « D’ici lĂ , je ferai sĂ»rement quelques formations Ă  cĂŽtĂ©, pour ne jamais vraiment m’arrĂȘter d’étudier », glisse-t-il.

« C’est important dans l’équilibre d’un joueur d’avoir d’autres centres d’intĂ©rĂȘt, de travailler diffĂ©remment. Le sport, c’est bien, mais quand tu es blessĂ© ou sur une dynamique moins positive, c’est plus compliquĂ©. Avoir quelque chose Ă  cĂŽtĂ© permet de souffler », fait valoir Imanol Harinordoquy, qui fut troisiĂšme-ligne international (82 sĂ©lections) entre 2002 et 2012.

Reste que pour Louis Bielle-Biarrey les choses sont claires : « Ma prioritĂ© est vraiment de rĂ©ussir dans le rugby. » « Je ne me dis pas que si ça ne fonctionne pas, je peux me rabattre sur autre chose », insiste-t-il. L’ailier veut donc d’abord jouer la carte « ballon ovale » Ă  fond. Et aura des adversaires de taille samedi, avec les All Blacks.

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